EXEMPLAIRE UNIQUE
SAMAIN (Albert)
Oeuvres complètes. Contes. Aux flancs du vase. Le chariot d’or. Jardin de l’infante
Paris, Mercure de France, 1912
4 volumes in-4 (25cm x 17cm) de (1ff) 188pp. (1ff) / 190pp. / (3ff) 238pp. / 254pp. Plein maroquin violet, dos à nerfs, titre et auteur frappés or, coiffes guillochées, double filet doré parcourant les coupes, tête dorée, contreplats bordés de même maroquin et ornés d’une dentelle dorée, garde de moire citron, couverture et dos conservés (reliure d’époque).
Un des 500 exemplaires numérotés sur papier vélin à la forme. De la bibliothèque de Ginette & Marcel LAVERGNE (ex-libris).
EXCEPTIONNEL EXEMPLAIRE UNIQUE ENRICHI DE 101 AQUARELLES ORIGINALES DU PEINTRE GEORGES-HENRI CARRÉ (1878-1945).
Georges Henri Carré naquit le 31 mai 1878 à Marchais-Beton dans l’Yonne, dans la ferme maternelle « Les Poulets ». Très tôt, ses parents vinrent s’installer à Tonnerre où il fit ses études au collège et commence la préparation pour la section « Architecture » de l’Ecole des Beaux-arts de Paris puis opte pour la peinture, conseillé par son professeur de dessin, lui-même ancien élève de Jules Coignet. En 1896, il monte à Paris et fréquente l’atelier préparatoire Colarossi. Reçu premier, il rentre aux Beaux-Arts puis passe alors chez Jean-Paul Laurens et J.J Benjamin-Constant, il s’engage sur la voie du pleinairisme. Ensuite, tout comme Van Gogh, Lautrec ou encore Picabia il entre dans l’atelier de Fernand Cormon qui rend hommage à la qualité de son dessin et l’encourage. Il livre quelques dessins satiriques à l’Assiette au beurre dont un numéro complet intitulé « Les courses », mis en légende par Édouard Conte. Admis à la société des Artistes Français dès 1906 il reçoit l’année suivante une mention pour le grand panneau des « Vendanges » qui décore toujours un des murs de l’hôtel d’Uzès à Tonnerre. Au salon 1908, il expose le second panneau destiné à ce même établissement, « La Fauchaison », puis expose régulièrement au salon jusqu’au 1913. De cette première période il reste, dans son atelier, des œuvres claires, sensibles, à la pâte légère, consacrées aux travaux des champs. Il dessine beaucoup de scènes champêtres, des paysans au travail mais aussi des études de son épouse. La première guerre mondiale arrive : mobilisé, il œuvre comme topographe puis agent de liaison au front, où à ses rares moments de liberté, il dessine les scènes de la vie des tranchées sous forme d’aquarelle. Bien plus tard en 1939-1940, il les reprendra et en tirera une demi-douzaine de monotype en noir et blanc.
Un drame personnel vient bouleverser sa vie le 20 janvier 1917, sa femme meurt et il reste seul avec ses deux filles en bas âge. Il a 38 ans et son univers s’écroule. À son retour à Paris, il faut tout recommencer et cette période, qui court jusqu’en 1925 est particulièrement difficile : il n’est plus question d’art mais de survivre. Il s’engage dans une peinture « utilitaire » : décoration, tableautins, copie de grands paysages du XVIIIe siècle (Lancret, Watteau, Hubert Robert…) Il exécute aussi des affiches pour le commerce et le cinéma dont il fréquente l’univers : Abel Gance l’émerveille. Pour son plaisir, il peint ses filles, des parcs ensoleillés (Luxembourg, Saint-Cloud, Bagatelle…), de grands arbres jaunis par l’automne. Sa palette se fait gracieuse, ses couleurs claires. Durant ces années-là, il séjourne souvent chez un ami à Saint-Prest en Normandie, ou il peint la roseraie du parc. Il fait aussi en 1923 un voyage dans les Alpes avec son ami Deberly, où il travaille à Annecy, puis fait un autre voyage à Fécamp. En 1924, il trouve un atelier rue du faubourg Saint-Honoré au 233bis dans une impasse occupée par des ateliers d’artistes et d’artisans. En 1926-1927, son état de santé l’oblige à quitter cet atelier, il va alors peindre en Puisaye dans les environs de la ferme de sa mère ainsi que dans la vallée de la cure où il étudie le flottage des bois. Il retourne au spectacle de la nature, aux scènes rurales, aux intérieurs sombres de petites fermes. Il modifie progressivement sa technique. Il peint beaucoup au couteau dans une facture vigoureuse et sa palette s’assombrit considérablement : les tons roses cèdent aux tons sourd bien qu’il semble toutefois se libérer de ses chagrins. À l’été 1927, il trouve un atelier rue Pigalle. C’est alors une période de travail intense, après son séjour en Puisaye dont il a rapporté lot de peinture, dont « la cour », qu’il expose en 1927 au salon des indépendants et au salon d’automne (deux salons auquel exposa d’ailleurs jusqu’à sa mort) ainsi que dans diverses expositions particulières groupées (Galerie Carmine, Elias, Barreiro, Scribe, Maura…) : Le critique Gustave Kahn apprécie la finesse et la distinction de son talent.
En avril 1928, à lieu à Paris une belle exposition du « Groupe de la Jeune Peinture Européenne » chez Bernheim-Jeune. Il participe aux côtés des plus grands artistes tel que Signac, Duffy, Lhote, Denis, Goerg etc… Il est aussi au salon annuel des artistes de l’Yonne, et est invité au salon des Tuileries. Sa palette reste sombre avec des études au tons bruns, mauves et parmes. Il demeure un chercheur solitaire toujours inquiet, toujours en quête de l’expression de sa sensibilité. Indifférent aux coteries, il fréquente que les artistes peintres, mais il est très curieux de toutes les formes de son art. Il peint et dessine de nombreuses natures mortes, des intérieurs, des fleurs, des portraits. Les critiques d’art tel que Tabarant, G.J. Gros ou encore G. Turpin, l’encourage et un petit cercle d’amateurs lui manifeste son appréciation. C’est en août 1928, invité par G.Turpin, il séjourne à Quiberon et Portivy, c’est pour lui une grande découverte. Il peint inlassablement la mer, les rochers et la Lande en de beaux paysages et marines où le ciel commence à occuper une place grandissante. Il en tire des effets « surprenants de vérité » comme disait Turpin. Avec les années 1929-1935 sa palette s’éclaircit progressivement à nouveau il abandonne le couteau pour reprendre le pinceau. Il s’oriente vers une peinture assez lyrique qui traduit un certain bonheur de vivre en accord avec la campagne tonnerroise. En effet, il passe alors de longs moments chez sa mère à Tonnerre où il redécouvre cette campagne dont il transpose l’harmonie des champs onduleux, des vallons et des ciels immenses en de grands dessins à la plume, des aquarelles et des peintures. En 1929 il séjourne en Dordogne puis prend un premier contact avec la Provence à l’occasion d’un court voyage (Cannes, St Paul de Vence) d’où il rapporte des études et organise en 1931 dans son atelier une exposition de toiles consacrées à ces régions. Il expose régulièrement dans les salons de l’époque et vend un grand nombre d’œuvres à un noyau d’amateurs fidèles, sans compter les achats de l’État.
Au début 1935, il quitte la rue Pigalle pour un atelier rue des plantes au milieu d’un jardin. Il passe alors quelques semaines en Saintonge, à Saint palais, ou il peint beaucoup la côte rocheuse, le paysage et les églises. C’est aussi à cette époque que se situe un voyage au Tyrol dont il rapporte de belles études de neige. Sa technique aux touches amples et aux couleurs claires, mais soutenues, manifeste sa plénitude. Il fait de nombreux portraits et travaille aussi régulièrement dans le Tonnerrois dont il exprime avec un lyrisme contrôlé son ardente passion pour ses paysages qui le hante et l’enthousiasme, avec lesquels il « se bat » comme il disait. Sans doute cette année et celles qui vont suivre sont-elles les plus fécondes de sa carrière. Il se fait le chantre de l’union du ciel et de la terre sur le sol Bourguignon. La même année il fait une exposition importante dans son atelier regroupant des toiles de Quiberon, Saintonge, Bourgogne etc… et participe au salon des indépendants ou l’État lui achète de nouvelles toiles. À la fin 1935, il décide de venir s’installer complètement à Tonnerre. Il réalise son rêve et construit un atelier sur la colline à côté de l’église Saint-Pierre, dominant un très vaste paysage. C’est une période d’enthousiasme, car il vit alors en face-à-face permanent avec la nature. Il ne se lasse pas des thèmes de Saint-Pierre, Notre-Dame et des environs de Tonnerre qu’il dessine et peint sous tous les angles et tous les éclairages sans cesse renouvelés. C’est à bicyclette qu’il sillonne la campagne environnante. Il conserve des relations avec Paris où il continue à exposer régulièrement. Dans son atelier de tonnerre, il travaille à présent à la gravure sur cuivre et zinc, faisant lui-même ses tirages. Puis il entreprend de faire des monotypes en noir et blanc et en couleurs dont le département des estampes à la Bibliothèque nationale possède un lot.
Il participe à des expositions des peintres-graveurs au trait. C’est en 1938 qu’il commence la décoration des murs de la salle des fêtes de la mairie de Tonnerre. Pour ce faire, il exécute un grand nombre de dessins. C’est œuvre monumentale occupa trois ans de sa vie. Ce fut un travail harassant dont il ne reste malheureusement que quelques grands dessins et des esquisses à l’huile car elles furent détruites après sa mort, lors de la modernisation de la mairie ce qui nous prive d’une grande œuvre de ce peintre. Dans ce même temps il complète la décoration de l’hôtel d’Uzès par deux panneaux, de plus petite taille que les deux précédents (Vendanges & Fauchaisons). Pendant l’hiver 1940 il va passer quelques mois à la Ciotat, Bandol et la Cadière. Cette fois, il maîtrise son expression de la Provence, il en rapporte un grand nombre de beaux dessins et d’études sur papier, peintes sur le motif de tous les sites environnants qui l’enchantent. Ces petites études traduisent sa joie de peindre des paysages si différents de ceux du Tonnerrois, mais qu’il charge du même amour, de la même tendresse. À la suite de ce voyage en Provence et de l’effort vers la sobriété qu’il s’est imposé pour l’exécution des panneaux de la mairie, son style se modifie sensiblement. Il entreprend un travail de simplification de ses sujets dont il ne garde que l’essentiel. Il procède par large touche de couleur pure dont les ondes sont exclues et les teintes deviennent arbitraires. Il ne s’inspire plus directement de la nature réelle mais seulement de ses dessins. C’est ainsi que dans ses notes il écrit « je travaille d’après des dessins et je continue à travailler dans ce sens avec une joie renforcée sans me soucier de la nature ne respectant que la construction qui est la langue rationnelle de l’art plastique ». Il pousse ses recherches de simplification à l’extrême dans les derniers mois de sa vie, repeignant même des tableaux antérieurs. Ce fut une nouvelle bataille qu’il soutint jusqu’à sa fin sans qu’il soit parvenu à se satisfaire pleinement. Malgré le retour des hostilités en 1940 qu’il affecte profondément, il poursuit régulièrement ses envois de toiles au Salon des Indépendants jusqu’en 1944. À l’automne de cette même année miné par la maladie, il doit se résigner à quitter Tonnerre pour Paris où, entouré de ses filles, il s’éteint le 25 décembre 1945, il est enterré au cimetière St-Pierre de Tonnerre.
Œuvres de Georges Carré achetées par l’Etat :
1907 « Intérieur » hst 65x81, conservé à Compiègne. 1907 « Les vendanges » fresque pour la Salle du Conseil de la Caisse d’Epargne de Tonnerre
1908 « La fauchaison » fresque pour la Salle du Conseil de la Caisse d’Epargne de Tonnerre
1915 « La Veillée de la Toussaint », hst, 200x250, achetée par la ville de Paris se trouve aujourd’hui à la Mairie de Tonnerre
1927 « La Prairie » hst,74x134
1929 « Le pressoir bourguignon » hst, 150x190 Mairie de Tonnerre
1932 « Le Quai d’Anjou »
1933 « Notre-Dame de Paris »
1934 « Rochers de Portivy » hst, 100x120 Musée de Skikda (Algérie)
1935 « Patinage » hst, 148x218 Mairie de Chemillé (Maine et Loire)
1935 « Bourgogne au Printemps » Mairie de Briey (Meurthe-et-Moselle)
1938 « Décoration de la salle des fêtes de la Mairie de Tonnerre (1938 à 1941)
1939 « Deux panneaux supplémentaires » Salle du Conseil de la Caisse d’Epargne de Tonnerre
1939 « La prestation du serment des femmes tonnerroises sur l’Autel de la Patrie au Pâtis le 14 juillet 1790 » hst, 12mx5m Musée de Tonnerre
1946 Une toile achetée par la Mairie de Dijon
1947 « Un lot de 7 gravures de Tonnerre et un monotype de St Paul de Vence » déposé à la Bibliothèque Nationale
(source: BENEZIT (dernière édition), Tome III, p.290/ acanthe89.com / george-carre.com)
Très bel exemplaire.